STUDIO WHA-T
STUDIO WHA-T
ARTISTE - GRAPHISTE
Yannick est un artiste visuel français basé à Marseille, il développe son travail en studio ou en milieu urbain. Il s'articule entre sculptures, illustrations, design, peinture et fresques. Ses réalisations reposent sur l'exploration des potentialités architecturales, structurales et pictographiques. Elles se concrétisent à travers la décomposition puis la recomposition de volumes ou de formes abstraites marquées par le travail de la ligne. Il en résulte des compositions minimales combinant des symboles et des signes. Ces configurations prennent l'apparence d'un alphabet.
INTERVIEW
Comment décrirais-tu la manière dont ton travail évolue entre le studio et l'environnement urbain ? Comment cet environnement influe-t-il sur ta créativité ?
En studio, j’explore principalement la peinture et la sculpture. Les techniques et productions que j’y réalise me permettent de nourrir mon univers visuel. Ces recherches sont ensuite utilisées en extérieur par le biais de fresques. En somme, je travaille en studio à ajouter de la matière, à dynamiser mon travail, à challenger la composition, à développer de nouvelles structures et symboles que je viens ensuite utiliser et assembler lors d’installations ou de décorations murales.
Dans quelle mesure la diversité de tes œuvres, des sculptures aux fresques, influence-t-elle ta démarche artistique ?
J’aime explorer mon univers créatif sur divers supports et à l’aide de techniques variées. Cela me permet de challenger sa cohérence, de le faire évoluer.
Comment abordes-tu l'exploration des potentialités architecturales, structurales et pictographiques dans ton art ?
Je dessine des variations de formes par le biais du travail de la ligne. Je décompose ensuite ces structures puis les recompose afin d’en découvrir de nouvelles. Pour cela, je me nourris des inscriptions urbaines mais également des hiéroglyphes anciens, des inscriptions en tout genre, des diversités de signes et des structures liées aux multiples langages. Il m’arrive parfois de partir du dessin de signes identifiables, puis de les simplifier ou de les remanier pour tendre vers des abstractions qui inciteraient à être déchiffrées.
Pourrais-tu nous parler de ton processus de décomposition et de recomposition des volumes ou des formes abstraites, et comment cela se traduit dans tes œuvres ?
Ce travail de décomposition et de recomposition me permet d’explorer de nouvelles potentialités structurelles et formelles. Il m’invite à questionner ce que je vois, sollicite ma curiosité, me permet de produire des combinaisons qui s’apparentent à des alphabets et qui proposent de challenger notre perception et compréhension des signes, symboles et structures. Cela a commencé avec l’étude du cube composé de 9 lignes et dessiné en 3 dimensions. Je cherchais l’ensemble des moyens de le représenter afin de mieux le comprendre et de découvrir de nouveaux aspects de ce volume. J’ai en quelque sorte déconstruit puis reconstruit ce volume et y ai découvert l'attrait pour les variations d’un principe structurel. Cet ensemble de lignes décomposées créait un langage énigmatique et ludique et j’aimais l’idée qu’il questionne à nouveau nos certitudes, invite à voir les choses avec un regard neuf, à la manière d’un enfant.
Tes créations semblent inclure des symboles et des signes qui prennent l'apparence d'un alphabet. Peux-tu expliquer comment tu développes ces compositions minimales ?
Au départ je dessinais ces structures en m’appuyant sur la géométrie du cube, en utilisant ses lignes et points pour dessiner de nouvelles formes. Puis j’ai utilisé la grille. J’imprimais ensuite ces structures sur papier autocollant que je découpais et collais afin de créer des fresques semblables à un alphabet. Mais le temps que me prenait la découpe de ces formes linéaires, associé à la réalisation de très nombreuses configurations basées sur différentes grilles ou trames, me prenait beaucoup de temps. L’idée de gagner en spontanéité me fit réaliser que je n’avais plus besoin de cette étape d’impression et de découpe. Il m’était à présent possible de dessiner directement avec du scotch sur les murs avant de peindre. Ces agencements alphabétiques prennent également en compte du contexte, le client, la lumière, l'environnement, les personnes amenées à pratiquer le lieu où va se produire la fresque, les diverses perceptions que l’on pourrait avoir de l’installation. Ces considérations produisent un imaginaire avec lequel je commence à dessiner des structures, parfois identifiables mais très vite transformées et épurées afin de dissimuler leur origine et créer une énigme, introduire de la curiosité.
Comment ces symboles et signes contribuent-ils à transmettre un message ou une idée spécifique dans ton art ?
Mon travail est très visuel. Il ne repose pas sur une compréhension spécifique des symboles et signes que je produis. Leur identification varie d’une personne à une autre. Mes peintures travaillent à créer une immersion visuelle par la combinaison de ces nombreuses structures abstraites, énigmatiques. C’est ainsi que je cherche à questionner le regard et la perception que l’on peut avoir de telles ou telles choses, sans qu'il y ait de réponse plus juste qu’une autre à ce que l’on identifiera.
En intégrant des termes tels que rupture, décalage, superposition, limite ou rotation, comment ces concepts ont-ils enrichi ton processus créatif récemment ? Comment ces ajouts de vocabulaire ont-ils ouvert de nouvelles perspectives dans ton travail artistique ?
Ce vocabulaire me permet de poursuivre cette recherche sur la décomposition et recomposition des objets et formes que j’affectionne. Il me permet de poursuivre la rupture que j’opère sur ces objets en y mettant un vocabulaire emprunt d’architecture, de spatialité. À ce stade, je considère ces termes relativement nombreux et il me semble que beaucoup de changements pourraient être étudiés à l’aide d’un seul de ces mots. Mais sans doute, un peu comme j’ai pu le faire avec les couleurs, certains viendront à se distinguer des autres pour être conservés, les autres étant mis à l’écart provisoirement. Peut-être aussi que ces derniers seront plus tard à nouveau réintégrés dans mon travail de recherche. Cette exploration est un aller-retour constant qui me permet de challenger mon travail, de le questionner. Ce vocabulaire est apparu par l'analyse de mes productions faite en cyanotype lors d’une résidence à Sofia en Bulgarie. Au regard des assemblages que je réalise depuis le début de mon activité d’artiste, il me semblait cohérent d’y recourir.
Y a-t-il des influences extérieures ou des expériences personnelles qui ont contribué à l'évolution de ton style artistique et de ta perception de la grille et de la structure ?
Sol Lewitt est un artiste qui a compté pour moi. L’étude du cube que j’ai effectuée dans mes premières recherches était clairement en lien avec son travail. Puis il y a eu de nombreux architectes, comme Louis I. Kahn par exemple, qui m’ont amené à partir du carré pour débuter un dessin, à recourir à la grille. Aujourd’hui, même si j’affectionne toujours beaucoup cet artiste et cet architecte, le cube ou la grille ne sont plus réellement essentiels dans mon travail. Des artistes tels que Kes Richardson, Daev Momo, 108 108 108 retiennent à présent mon attention.
Comment envisages-tu la continuation de cette exploration artistique, en tenant compte de ces éléments ajoutés à ton vocabulaire artistique récemment ?
Je pense que mon travail va pouvoir poursuivre son décloisonnement, se complexifier tout en gagnant en justesse. Ce travail d’exploration de matière et de studio tout autant que ce vocabulaire que j’introduis dans mes recherches devraient le nourrir et l’amener vers plus de vibration, de dynamisme, de spontanéité.
Comment envisages-tu l'évolution de ta pratique artistique dans les années à venir ?
J’ai beaucoup aimé produire des assemblages en 3 dimensions et j’aimerais poursuivre cela. Je pense à Calder, par exemple. L’idée de poursuivre l’assemblage des configurations en 3 dimensions m'enthousiasme et me laisse entrevoir de chouettes perspectives créatives. Et puis il y a l’installation que j’ai réalisée pour les 10 ans de l'Hôtel Intercontinental à Marseille, en habillant sa verrière de vinyles afin de colorer l’ensemble de son hall. J’aime l’idée que cette installation pourrait me rapprocher du travail de Daniel Buren. J’aimerais profondément poursuivre ces créations immersives.
Pourquoi as-tu accepté le management d’artiste proposé par Akka Studio ? Quelles sont tes motivations et tes attentes à cet égard ?
J’ai toujours souhaité pouvoir poursuivre mon travail en étant entouré de personnes professionnelles, avec lesquelles je prendrais plaisir à travailler et échanger. Je suis convaincu qu’avec Akka Studio, il m’est possible de m’amuser en travaillant. Je suis persuadé qu’ensemble, nous pouvons faire de grands projets, créatifs, stimulants, uniques.
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